La défense des valeurs de solidarité et d’égalité est indissociable de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. La commune est en première ligne en matière de lutte contre la précarité via la gestion de l’aide sociale.

Le niveau local est également un acteur de premier plan en matière d’offre culturelle et de loisirs. Dans ce cadre, le mouvement laïque encourage les communes et provinces à favoriser le dialogue et le partenariat avec le monde associatif dans sa globalité afin de renforcer la cohésion sociale.

La cohésion sociale et la solidarité doivent également s’exercer en s’appuyant sur des politiques d’égalité et de lutte contre le sexisme et les discriminations basées sur le genre.

La lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale

Principes fondamentaux :

  • Veiller à l’émancipation sociale, culturelle et économique ; l’autonomie et la responsabilité étant les moyens d’y parvenir.
  • L’action sociale doit être offerte à tous, sans distinction de genre, d’âge, de conviction, d’origine, de culture.

En Belgique, le SPF Économie estimait en 2016 à 15,5 % le taux de risque de pauvreté. Ce taux atteint quasi 20 % en Région wallonne et 31 % à Bruxelles. Les personnes sans emploi et les familles monoparentales sont parmi les plus vulnérables à la pauvreté.

Pour véritablement porter ses fruits, l’émancipation laïque doit se coupler à un authentique projet d’émancipation sociale. Le droit à un niveau de vie suffisant constitue donc un préalable indispensable à l’exercice d’autres droits fondamentaux.

Par conséquent, le mouvement laïque encourage les autorités locales et les responsables de CPAS à :

  • assurer un service public de qualité et ambitieux, impartial et garant de l’égalité entre les citoyens, sans distinction liée à leur situation administrative ;
  • renforcer l’information au sujet des droits sociaux afin d’endiguer le non-recours aux droits sociaux et mettre en place des guichets uniques décentralisés au niveau de chaque entité regroupant les différents services publics chargés de l’octroi des droits sociaux ;
  • mettre en place des guichets uniques décentralisés au niveau de chaque entité regroupant les différents services publics chargés de l’octroi des droits sociaux ;
  • s’engager à réaliser sur chaque commune un plan de cohésion sociale (PCS) ;
  • encourager la mixité dans toutes ses dimensions (de genre, sociale, culturelle et économique) au sein des localités, notamment en créant du logement mixte et des infrastructures (de loisirs, sportives, écoles, maisons de jeunes…) accessibles à tous, et un accompagnement social public permettant l’effectivité de cette mixité ;
  • garantir l’accès aux soins de santé pour tous ;
  • adopter des mesures pour assurer l’accès à un logement décent et aux services de base (eau, électricité, gaz, chauffage) aux personnes défavorisées, notamment par une augmentation de l’offre de logements sociaux et la lutte contre les marchands de sommeil ;
  • avoir recours à la législation permettant la réquisition d’immeubles abandonnés afin d’y héberger des personnes sans-abris ;
  • refuser toute approche répressive et stigmatisante de la mendicité et renforcer le rôle actif des autorités locales en faveur des sans-abri (par exemple  : projet housing first, abris de jour ou abris de nuit) ; refuser l’installation des dispositifs « anti-SDF » (grilles, mobilier urbain, arroseur,…) y compris par des opérateurs privés ou sociétés de transports publics ;
  • soutenir les services d’aide juridique de première ligne ;
  • engager des médiateurs jouant le rôle d’interface entre les administrations et les citoyens, de manière neutre et impartiale ;
  • mettre en œuvre un parcours d’accueil des primo-arrivants (DAPA) dans chaque commune qui veille à l’autonomie et l’émancipation des personnes ;
  • renforcer les actions en faveur des personnes toxicomanes dans des structures d’accueil adaptées, étudier l’implantation de salles de consommation sur le territoire local et encourager les politiques de réduction des risques ;
  • veiller à une information complète des travailleurs sociaux des CPAS et d’autres services sociaux concernés par le secret professionnel  ;
  • déclarer la commune « hors service communautaire » (service presté à la demande du CPAS dans le cadre de ce projet individualisé d’intégration sociale).

L'accès à la culture

La culture sous toutes ses formes constitue un outil favorisant l’émergence de la réflexion critique et l’émancipation de l’individu. Le mouvement laïque demande aux autorités communales et provinciales de :

  • maintenir l’offre et l’accès à des bibliothèques publiques et d’y garantir l’accès et une formation aux usages éthiques, critiques des nouveaux médias (NTIC) ;
  • garantir l’accès à la vie culturelle pour tous, notamment via une offre locale et de proximité à bas coût et un soutien à toutes les formes d’expression culturelle présentes dans les entités locales.

L'égalité et la lutte contre la violence et le sexisme

Principes fondamentaux :

  • Renforcer la représentation et la visibilité des femmes à l’échelon local par la mise en œuvre d’une politique « genrée ».
  • Lutter contre les inégalités et violences sexo-spécifiques.

Malgré les garanties constitutionnelles, l’égalité des femmes et des hommes est loin de se traduire dans les faits, notamment en termes de représentation et d’égalité salariale.

En outre, les chiffres des violences intrafamiliales et envers les femmes restent effrayants.

Égalité hommes-femmes

Le CAL recommande aux communes et provinces, en tant qu’employeurs et pouvoirs publics :

  • d’attribuer, à un membre du collège local, une compétence et un budget « égalité femmes-hommes » et de mettre en place et/ou soutenir les services d’égalité des chances au sein des administrations locales ;
  • d’assurer la parité lors de la constitution des collèges communaux et provinciaux ;
  • d’intégrer les recommandations du Conseil de l’égalité des chances entre hommes et femmes au sujet du congé de maternité des femmes mandataires ;
  • de mettre sur pied un conseil consultatif  »égalité femmes-hommes » ;
  • de mettre en œuvre une approche genrée (« gender mainstreamig » et « gender budgeting ») dans les politiques locales et dans les relations des entités locales avec leurs partenaires ;
  • de garantir une représentation équitable des femmes et des hommes à tous les niveaux de responsabilité au sein des administrations ;
  • de tenir compte de la place des femmes dans l’espace public et intégrer la dimension du genre dans les politiques publiques d’urbanisme (sécurisation des voiries, des parcs et abords, aménagement d’infrastructures sécurisantes pour les transports en commun, aménagement des trottoirs et du mobilier urbain, accessibilité des parkings et des infrastructures sportives,…) ;
  • de prendre de réelles mesures pour lutter contre le sexisme dans l’espace public, notamment via des structures facilitant le dépôt de plainte en cas d’agression verbale ou physique à caractère sexiste.

Lutte contre les violences faites aux femmes et intrafamiliales

En Belgique, des femmes décèdent chaque année des suites de violences sexo-spécifiques et familiales. Les enfants sont également les victimes collatérales ou directes de ce fléau. Cette violence est également présente au sein des couples homosexuels et chez les personnes âgées.

Le mouvement laïque demande aux autorités locales :

  • d’accorder toute l’attention et tous les moyens nécessaires aux actions de sensibilisation et d’information du public et de tous les intervenants sociaux ;
  • de veiller à former les agents de police à recevoir et à traiter adéquatement les plaintes dans des structures d’accueil adéquates ;
  • d’assurer, pour les agents de première ligne, le devoir de mettre la victime en contact avec le service d’aide aux victimes  ;
  • d’assurer une prise en charge spécifique à chaque victime quel que soit son statut et de prévoir un nombre suffisant de logements adaptés (femme seule ou avec enfant, mineur, personne âgée, personne handicapée, personne marginalisée en raison de son orientation sexuelle…) pour répondre aux situations d’urgence ; de privilégier l’éloignement des personnes violentes du domicile familial plutôt que le déménagement des victimes ;
  • de développer un suivi pluridisciplinaire et coordonné entre les professionnels en contact avec les violences intrafamiliales : personnel de prévention et d’accueil, personnel médical, policier, juridique, etc.

Lutte contre la trans-bi-homophobie

Le mouvement laïque appelle les responsables locaux à prendre des mesures concrètes contre la trans-bi-homophobie :

  • en améliorant l’accueil et la formation du personnel administratif, interlocuteur de première ligne notamment pour les procédures de changements de sexe ;
  • en garantissant aux couples du même sexe le droit de se marier sans que l’exercice de ce droit ne donne lieu à une quelconque différence de traitement ou d’accueil de la demande ;
  • en assurant des structures d’accueil pour les jeunes en situation d’exclusion en raison de leur orientation sexuelle ;
  • en améliorant l’accueil et la formation du personnel policier, des victimes de violences à caractère trans-bi-homophobe.